A propos de nos radicalisations

Dépression, colère, indignation, espérance, ça tourne et retourne dans ma tête depuis un mois ou deux, alors il est l’heure de coucher quelques mots, de chercher le sens, de provoquer peut être, de se mettre en mouvement.

Colère, tristesse indignation, contre qui contre moi ? Contre les autres ? Contre les uns ?  Ce ressenti prend de l’ampleur chez chacun.

Pourquoi ? Comment ?  De ma place, à vouloir changer le monde, j’entends l’orage,  l’impuissance et la colère des uns et des autres.

De Léna,  de Léon, de Rudy, de Violaine, ou d’Augustine, de Cédric ou de Romain, d’Arthur,  ou de Julien. ET DE MOI AUSSI !!

Pas de conversation sans qu’après quelques secondes la colère explose, contre l’autre et son comportement inqualifiable, contre ce monde, les syndicats, les étudiants, les politiques, les policiers,  les responsables d’entreprise, les chômeurs.

Nous avons trouvé un moyen collectif de développer la radicalisation, qu’elle soit religieuse politique, sociale même.  Comment ? En ayant suivi quelques étapes scrupuleusement :

Etape 1 : Nier, éviter de voir le problème, ne rencontrer que des gens qui nous ressemblent et qui nous confirment dans nos manières de penser.

Etape 2 : Minimiser l’existence du problème évoqué par l’autre,  mieux encore, le  ridiculiser,  ou diaboliser, pourquoi pas mépriser, manipuler l’information.

Etape 3 : Agir contre le moindre débordement, faire des exemples, et surtout ne rien changer à son mode de pensée, communiquer pour le renforcer.  

Etape 4 : Se positionner en tant que victime.

En ayant reproduit ces 4 étapes plusieurs fois pendant quelques années.

Peut-on faire autrement ? Est ce inéluctable ?

Quelques pistes pour renverser  la direction:

Etape 1 : descendre de son escabeau, de son podium, de sa tour d’ivoire,  de la certitude que l’on sait et que l’autre est donc forcément dans l’ignorance,  ou dans une posture diabolique. Aussi facile à dire que compliqué à faire, ça veut dire se rendre vulnérable, et sortir de la toute puissance qui peut rassurer sans savoir si l’autre est prêt à faire de même.

Etape 2 : Ouvrir des débats, oser des paroles, permettre à chacun de dire, y compris sa colère et sa rage, sa révolte, lui ouvrir la porte, pour essayer de comprendre (ce qui ne veut jamais dire excuser)

Etape 3 : Prendre en compte les besoins de l’autre, et ses propres besoins, construire un cadre qui permette de prendre en compte les uns et les autres. Développer les confrontations bienveillantes.

Etape 4 : Proposer un mouvement dans lequel l’autre a une part d’autonomie, de reconnaissance, dans un cadre et des limites définies, ni dans la toute puissance ni dans le déni de sa parole.

Et si c’était ça la révolution…  

Réinventons l’autorité et la démocratie